Entretien avec Laure
J’habite Brest depuis 1994, dans le quartier coloré de Kerigonan et je suis à la retraite depuis deux ans. Dès 1997, j’ai eu le besoin de planter au pied de l’arbre de ma rue, devant mon pas de porte, un hortensia. Puis un autre au pied d’un autre arbre, puis les voisins ont commencé à faire aussi des plantations au pied de leur arbre… un mouvement était né ! Il continue. Et quand il n’est pas possible de planter, je dessine du végétal à même le trottoir ou parfois même sur les poteaux électriques en béton.
Et puis je suis impliquée dans le collectif des grainothèques du Pays de Brest, graines@brest. Je suis également membre du Conseil Consultatif de Brest-centre qui a lancé l’opération « le Vert se tram(e) », l’an dernier, pour végétaliser les stations de tram du haut Jaurès. Cette année, nous travaillons en collaboration avec trois artistes et des étudiants de Géoarchitecture, au projet de rendre agréable la traversée du pont Schuman : « à pied…sur le pont » le 14 mai.
- En tant que citoyenne, professionnelle, actrice, comment contribuez-vous, aujourd’hui, à la construction de la ville de demain ?
Dans le cadre de mon travail, j’ai eu la chance de partir un an en Californie, en 2006-07. Quand je suis revenue et que j’ai vu l’état de la place Nicolas Appert, je me suis dit que l’on pouvait faire mieux. J’ai donc initié, en accord et avec l’aide de mes voisins un jardin sur la place. Mais s’agissant d’un espace public, la municipalité n’a pas apprécié cette action menée sans autorisation ! Quelques mois plus tard, et après concertation, nous avons été autorisés à faire un jardin sur la moitié de la place ronde. Le jardin, dénommé « Rond de Jardin » fait désormais partie de l’identité du quartier. Il s’étoffe au cours du temps puisqu’il a déjà depuis deux pommiers de variétés anciennes et locales et un prunier. Il fêtera ses dix ans l’an prochain.
- Quelle est votre vision de la ville de demain ?
La ville de demain doit être attractive pour toutes et tous. Pour cela, elle doit être belle, sereine et agréable à vivre. Il faut enseigner dès le plus jeune âge à observer la nature pour la respecter et l’admirer.
La végétation doit être encouragée partout. Elle apporte des bienfaits psychologiques pour chacun de nous et aide à lutter contre le dérèglement climatique, l’imperméabilisation des sols et elle favorise la préservation de la biodiversité.
Les rues ne doivent pas être simplement des tuyaux où passent les voitures, elles doivent redevenir des espaces de vie où cohabitent en bonne entente toutes les générations, les enfants en poussette, les personnes âgées, les enfants qui jouent au ballon en rentrant de l’école, les vélos, la végétation et les fleurs, les oiseaux et papillons…
Les voitures ne doivent être que tolérées, en roulant à vitesse limitée à 30km/h et en stationnant sans gêner la déambulation pédestre ou cycliste.
- Parmi les thématiques du forum, qu’elles sont celles qui vous interpellent ? Pourquoi ? Quels sont vos questionnements, autour de ces thématiques ?
Le paysage dans la ville ? / De l’art, de la végétation avec beaucoup de concertation citoyenne. Arrêter le développement des zones commerciales en périphérie de ville qui mangent les précieuses terres agricoles et rendent le centre-ville en état de désertification. Fleurir le haut de la rue Jean Jaurès autant que le bas de Siam. En haut de la rue Jean Jaurès on peut voir la mer, entendre les mouettes, cela peut être mis en valeur.
Nature, culture et jardins dans et autour de la ville ? / Encourager le développement du végétal, du comestible en ville pour consommer local et bio.
Habiter et vivre dans mon quartier et dans ma ville ? / Donner plus de latitude aux citoyens pour écouter leurs initiatives et les encourager. Voir les exemples de Paris où les serres municipales donnent ou vendent à bas prix des végétaux.