Entretien avec Florent
- Peux-tu te présenter en quelques lignes ? Quel est ton lieu de résidence, ton lieu de travail… ?
Après avoir passé mon enfance et une partie de mes études entre Gouesnou et Brest, j’ai vécu, comme beaucoup de jeunes diplômés, dans plusieurs villes pour des périodes courtes. En une dizaine d’années, j’ai habité successivement dans sept villes et occupé une vingtaine de logements différents.
Nous sommes aujourd’hui « fixés » à Nantes avec ma compagne, elle-même originaire de la région brestoise. Je suis actuellement cartographe et développeur logiciel au sein d’une société de services et d’ingénierie informatique.
- En tant que citoyen, professionnel, acteur, comment contribues-tu, aujourd’hui, à la construction de la ville de demain ?
Principalement d’un point de vue technique, par le biais de mon emploi. L’entreprise pour laquelle je travaille développe des systèmes d’information géographiques, principalement pour le secteur public (collectivités, transports, énergies), qui visent à une meilleure gestion du territoire au quotidien. Nous créons également des applications mobiles avec géolocalisation, que ce soit à destination de professionnels ou du grand public.
Toute cette activité participe de l’essor d’une ville connectée, la ville dite « intelligente », qui englobe à la fois la rationalisation de la gestion de la ville, l’augmentation et l’accélération de l’information aux habitants (communication sur des évènements, informations relatives aux systèmes de transports…) et le traitement de données en masse. Ce sont des projets passionnants, auxquels je n’adhère pas toujours et qui soulèvent de nombreuses questions sur la ville que nous voulons pour demain.
En dehors de mon travail, je dois admettre que je participe peu aux actions de concertation organisées par les collectivités ou aux initiatives citoyennes, pourtant très nombreuses à Nantes. A force de mobilité, j’ai encore un peu de mal à m’ancrer dans le territoire nantais, même si je suis avec intérêt les projets d’urbanisme de l’agglomération. Je me documente également sur l’histoire de la ville, j’essaie de trouver des œuvres littéraires ou artistiques qui l’abordent pour essayer d’en saisir un peu mieux l’âme : avoir une idée d’où elle vient et de ce qu’elle est pour réfléchir à ce qu’elle pourrait devenir.
- Quelle est ta vision de la ville de demain ?
Une ville qui sait cultiver ses spécificités, préserver les anciennes et en développer de nouvelles, et dont les paysages ne sont pas interchangeables avec une autre agglomération ; une ville qui sait éveiller l’imaginaire voire le mythe. Où le fait d’y vivre puisse être une expérience esthétique.
Mais aussi une ville qui vit et qui évolue autant par les actions individuelles que par les grands projets métropolitains, dont le projet global n’est pas muselant, et qui sait faire foisonner les initiatives.
- Parmi les thématiques du forum, qu’elles sont celles qui t’interpellent ? Pourquoi ? Quels sont tes questionnements, autour de ces thématiques ?
Le numérique dans la ville ? / Le numérique dans la ville, qui s’impose à grande vitesse dans notre espace quotidien mais qui ne semble pas soulever de grands débats de société :
– Quelles nouvelles potentialités la révolution numérique créée-t-elle pour la ville de demain, par exemple dans la facilitation des interactions entre les habitants (diffusion d’information sur des évènements, mobilisation citoyenne via les réseaux sociaux…) ou dans l’amélioration de la gestion des services urbains (réseaux de transport, environnement, propreté) ?
– Quels sont les risques ou les nuisances possibles liées à la connexion permanente de nos mobiles ? Quelles protections existent contre les intrusions dans la vie privée et la transmission des données personnelles ? Par exemple, une technologie liée aux mobiles m’intéresse particulièrement : le geofencing, ou « géo-repérage », qui consiste à suivre les déplacements de personnes équipées d’un objet connecté au sein d’un périmètre donné. Cette pratique a de très nombreuses applications concrètes, comme la surveillance des enfants (alerte envoyée aux parents si l’enfant sort du périmètre défini), le géomarketing (étude du comportement des usagers à des fins commerciales), l’aide au déplacement (proposition d’itinéraires adaptés aux personnes handicapées au sein d’un quartier), la sécurité (repérage de comportements « déviants » dans la foule) … C’est un bel exemple d’une technologie a priori neutre, mais dont les utilisations devraient être analysées et débattues avant leur mise en service.
Le paysage dans la ville ? / Habiter et vivre dans mon quartier et dans ma ville ? / Petits et grands projets dans la ville ?
– Comment développer l’identité des villes par les grands projets urbains (les Capucins ou le tramway à Brest, l’île de Nantes…) ? Comment les formes urbaines participent-elles à l’identité de la ville?
– Comment développer cette identité par la voie des arts ? Quelle place pour l’art urbain, et quel impact sur les paysages et l’identité des quartiers où les œuvres s’intègrent ?
– Quel impact d’un grand projet d’agglomération sur le quartier dans lequel il s’insère ?
Le(s) campus dans la ville ? / Comment ouvrir l’université sur la ville? Quelle place de l’université dans la diffusion du savoir, et dans le relais des initiatives citoyennes ?